Artiste
LE 3e TOUR DES ÉLECTEURS ANONYMES - 1978
Campagne citoyenne
Manœuvre d’art et de communication politique
Symposium Faire voir / les artistes sur le pavé
Angoulême, 12 - 29 mai 1978
Le projet
La ville d’Angoulême, partenaire de cette opération, m’a prêté une vingtaine de panneaux électoraux que les services techniques municipaux ont placés en ville aux endroits habituels.
J’avais installé un stand sur l’une des places centrales afin de rencontrer les passants. Une bannière avec la phrase « ICI, ON SE PARLE » invitait les gens à s’arrêter et à écrire quelques mots ou témoigner d’un fait local. Ces paroles étaient aussitôt notées et le soir même, retranscrites sur de grandes feuilles afin d’être, dès le lendemain matin, collées sur les panneaux. Du fait de l’absence de moyens financiers, les affiches étaient écrites à la main et dupliquées par un procédé reprographique de tirage de plans.
Chaque jour, vers midi, les nouvelles affiches étaient collées sur les panneaux dont les emplacements restèrent identiques durent toute la manœuvre.
L’action a duré plus de deux semaines au cours de desquelles, les affiches se sont succédées les unes sur les autres. Certaines faisant écho à une affiche précédente constituant ainsi un dialogue urbain. Les panneaux étaient très suivis par les passants qui s’y arrêtaient longuement pour lire et commenter.
Le propos recueillis
Les propos collectés ont principalement porté sur l’espace public et la ville d’Angoulême : le stationnement, la propreté, le bruit. Quelques témoignages évoquèrent, avec nostalgie, le passé de la ville, d’autres faisaient état d’anecdotes ordinaires ou vantaient les mérites de tels commerces ou activités.
Les conflits sociaux dus aux fermetures d’usines papetières dans la vallée de la Charente firent l’objet de nombreux écrits. Cette tribune improvisée que fut la campagne pour le 3ème tour des électeurs anonymes permit l’expression d’une parole désabusée et de protestation devant la fin d’une époque industrielle qui fit la gloire de la région. Pour certains, ce fut un moyen certes très modeste, de faire passer un cri de révolte et même de souffrance.